Interview : Woodlight

En 2016, Ghislain et Rose-Marie Auclair se lançaient dans une toute nouvelle aventure : la création de leur start-up « Woodlight ». À travers leur projet, ces deux biologistes et Docteurs de l’Université de Strasbourg souhaitent rendre les villes plus vertes en répondant à leurs problèmes de pollution, de manque de verdure et de forte consommation en énergie. Une idée ambitieuse, matérialisée par une solution plus qu’originale.

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Vers des plantes bioluminescentes

Rose-Marie : « Woodlight est une start-up de Recherche et Développement qui a pour vocation de répondre aux besoins grandissants d’éclairage durable et d’économie d’énergie des villes. Pour cela, nous avons développé un procédé permettant de rendre des plantes bioluminescentes. C’est une solution originale qui permet finalement de pallier divers problématiques : le manque de verdure en milieu urbain, la surconsommation d’énergie due notamment aux éclairages dans les villes, la pollution lumineuse…

Comment ce projet vous est-il venu ?

Lors de la première année de nos études, nous sommes partis aux États-Unis à New York pour voyager. Nous avons adoré la ville, son dynamisme et sa culture, mais nous nous sommes rendu compte de l’omniprésence du béton, et des problèmes de pollution dans ce genre d’endroit… Et nous le savions déjà : cette situation ne fait qu’empirer au cours des années. C’était insoutenable de se balader dans une avenue sans aucun arbre ! On s’est alors demandé s’il était possible de recréer du lien entre la nature et l’homme, et si nous pouvions y contribuer en tant que biologistes.

En quoi consiste votre technologie ?

La bioluminescence est un phénomène connu et présent chez certains être vivants : on pense par exemple aux lucioles ou aux vers luisants. Il s’agit d’une réaction chimique entre deux molécules qui créé une émission de lumière. Avec Ghislain, on s’est dit : « Pourquoi ne pas transférer cette capacité dans les plantes ? ». Et c’est ainsi qu’on a commencé à travailler sur la question et progressivement, à développer notre projet Woodlight. Aujourd’hui, on imagine des applications assez vastes de nos plantes bio luminescentes, allant des lampadaires, aux balisages sur les routes, les vitrines de magasin… Évidemment, c’est un procédé sans danger car une fois morte, la plante ne produit plus de lumière et est totalement recyclable. On prend également soin de rendre les plantes stériles pour éviter les croisements.

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Woodlight x Etena

Nous sommes tous deux passés par Etena pour nous lancer dans l’entreprenariat. Pour Ghislain, c’est la délivrance de l’avantageux statut étudiant-entrepreneur qui lui a permis de se lancer. En 2017, son premier projet a été la création d’un laboratoire : le Biotechlab, qu’il a pu mettre en place grâce à un financement IDEX. Conçu sous forme de Fab lab, le principe est que chaque entrepreneur puisse s’y rendre. L’accès au Biotechlab fait désormais partie des services proposés par Etena, et c’est vraiment très pratique pour les projets scientifiques !

En ce qui me concerne, Etena m’a permis d’obtenir le diplôme universitaire étudiant-entrepreneur : j’ai assisté à des cours, des ateliers avec des professionnels, participé à des événements… Ces derniers étaient très pertinents, concrets, c’est d’ailleurs la vraie force d’Etena : on nous apporte des solutions concrètes adaptées à nos problématiques, on va droit au but ! En résumé, c’était une formation très riche qui m’a permis de découvrir un milieu, l’entreprenariat, qui me semblait au départ si éloigné du mien.

Avez-vous été aidés / soutenus par d’autres personnes ?

Et pas qu’un peu ! Grâce aux événements et aux ateliers Etena, nous avons rencontré beaucoup de gens bienveillants et développé des relations très porteuses. On a aussi eu la chance de bénéficier d’un mentoring de grande qualité, par une personne qui croyait en notre projet et qui voulait simplement nous aider bénévolement. Les avis extérieurs sont très importants, surtout s’ils sont délivrés par des non scientifiques : ils permettent vraiment d’avoir une certaine objectivité et d’être en phase avec la réalité !

Et les concours ?

Encore un aspect non négligeable du réseau des Étudiants-entrepreneurs… En 2016, nous avons participé au concours national PEPITE et c’était une expérience géniale ! Ça nous a permis de structurer le projet, d’explorer des pistes nouvelles, de nous pousser dans nos retranchements… En tant que scientifiques, nous n’avions pas réellement l’intelligence business et c’était à la fois très utile et enrichissant de constituer le business plan complet pour le concours. Cerise sur le gâteau… Nous avons eu le plaisir d’obtenir le 3ème prix, ainsique des subventions qui ont permis de financer les premières manipulations en 2018.

L’entreprenariat : un apprentissage avant tout

Une anecdote sur votre parcours ?

Je pense à un rendez-vous avec la Région quand nous venions de commencer à monter le projet. On voulait se renseigner sur les aides disponibles, et on s’est retrouvés face à un banquier qui nous posait des questions business très déstabilisantes. On s’est sentis complètement perdus ! À ce moment-là, on avait compris qu’il nous faudrait faire des formations pour maîtriser les bases indispensables de l’entreprenariat !

Un conseil pour les jeunes qui souhaitent se lancer ?

Foncez ! Si vous avez une idée, c’est que vous avez déjà ça en vous. Et même si vous échouez, vous y gagnerez quand même beaucoup. Je conseille aussi de bien s’entourer, parler au maximum de son projet avec toutes les personnes qu’on peut rencontrer. On s’enrichit vraiment des autres et c’est très important de partager. »

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